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La Crimée doit-elle retourner à la Russie?

La Crimée devait-elle rester attachée à la Russie? C'est une question qui peut se débattre. Nikita Khrouchtchev n'aurait-il pas dû consulter les criméens avant de signer ce décret, en 1954, les rattachant définitivement à l'Ukraine?


Ce n'est pas clair. Ils semblent aujourd'hui majoritairement favorables à la réintégration à la Russie alors qu'en 1992, le parlement de Crimée fonda la République de Crimée avec l'accord de Kiev qui lui consentit des droits mesurés d'autogestion. Cette république aura même son président, qui sera destitué en 1994 par les forces spéciales ukrainiennes. Il est un fait que ce président s'accaparait de plus en plus de pouvoirs et que les mesures prises étaient délibérément pro-russes.


En septembre1994, la République de Crimée devint la République Autonome de Crimée sous tutelle du parlement de Kiev, ce que la Russie finit par reconnaitre en 1997.


L'ancrage de la Crimée à l'Ukraine n'a jamais cessé d'être controversé. Néanmoins, les Criméens sont restés dans l'Ukraine sans menace ni intimidation de Kiev et la Russie de l'époque ne semblait pas les attirés.


Aujourd'hui, le Kremlin n'est plus d'accord sur cette entente et multiplie le matraquage médiatique: Selon la chaîne russe publique en anglais, Russia Today, les Criméens seraient menacés par un déferlement de fascistes ukrainiens. Selon elle, le pouvoir à Kiev est déjà une "junte" issue d'un coup d'État, qui persécute les Juifs et se tournera bientôt contre les Russes ethniques.


Dans l'hypothèse où ces allégations seraient vraies, les Criméens désireux de quitter l'Ukraine auraient ils besoin d'être convaincu ? Un référendum pour le rattachement à la Russie aurait d'ailleurs toutes les chances d'être en faveur de la Russie puisque les opposants à la réunification ne représentent que 40% de la population: 15% pour les Tatars, traumatisés par les déportations en Sibérie, et 25% d'Ukrainiens. Les Criméens n'ont donc pas besoin d'intimidation.


Pour le Kremlin, ce n'est pas suffisant. C'est ainsi qu'on a assisté à l'apparition de grands nombres soldats réguliers mais sans insigne aucun (ce qui est contraire aux lois militaires), la fermeture de toute presse écrite ou audiovisuelle non inféodée à la ligne du Kremlin, la bagarre chaque fois que les pro Ukraine se montraient, l'éloignement inexpliqué des délégations d'observateurs de l'OSCE (l'organisation multinationale pour la paix en Europe).


Le Parlement Ukrainien estime que la Crimée n'a pas le droit d'organiser un référendum sans l'accord de Kiev. le Président, Leonid Kravtchouk décida donc par décret que le référendum prévu le 27 mars 2014 était anticonstitutionnel. Par ailleurs ce référendum aurait lieu en même temps que les élections législatives ukrainiennes.


Ce référendum, à l'initiative de Iouri Mechkov, le président de la République autonome de Crimée, devait décider du rattachement de cette république à la Russie. Le président Kravtchouk a donc choisi d'engager l'épreuve de force. « Nous ne devons plus chercher de compromis avec les séparatistes de Crimée, leur jeu peut conduire à un scénario abkhaze », a déclaré son conseiller. « Mieux vaut arrêter les séparatistes maintenant qu'utiliser les forces armées plus tard », a-­t-­il ajouté. Le porte-parole de Iouri Mechkov estime pour sa part que la décision du président Kravtchouk « va à l'encontre du souhait des habitants de Crimée ». « Nous n'avons pas de raison de tenir compte du décret et d'annuler cette consultation promise par Iouri Mechkov durant sa campagne », a-­-t­il affirmé. Le président ukrainien tente visiblement de mettre un coup d'arrêt aux tensions sécessionnistes du pays, alors que les autorités locales de la région minière du Donbass, dans l'Est russophone, suivant la voie tracée par la Crimée, vont organiser le 27 mars un « sondage » sur l'autonomie économique de la région et la langue russe comme langue officielle.


C'est ainsi que la Russie a décidé d'annexer la Crimée. Cette annexion n'est pas soutenue par la communauté internationale, notamment l'Union Européenne et les Etats-Unis.



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